Ces photos de gens , de paysages, ces natures mortes que je collectionne sont des instantanés à valeur poétique. C’est à travers des détails et des gros plans que je veux saisir les moments qui m’ont "charmée" au cours de mes voyages, de ma vie quotidienne.
A cet égard, l’image photographique que j’expose n’est pas un miroir neutre, mais un
outil de transposition, d’interprétation du réel, au même titre que la langue. Je prends les photos comme je regarde le monde qui m’entoure. Les signes que j’en retiens ,je les formules par indices photographiques. Ils sont juxtaposés et reconstituent une mosaïque. Cette installation a pour effet de détourner l’attention du spectateur d’une seule image sur l’ensemble dont elle fait partie Chaque tesselle est assimilé en écho, et par équivalence est indéxée en mémoire. Il s’agit de chercher le dénominateur commun, le sens de lecture de ces séquences fragmentées.Les possibilités sont multiples ; il est cependant impossible d’attribuer une priorité à certaines images sur d’autres par leur couleur, leur contraste, leur échelle. Le regard chemine au sein de cette balade photographique. Chacun est alors libre de se réapproprier le décor de la pièce et d’en imaginer le scénario. Par métissage de différents points de vue, je me suis en effet intéressée à la constitution de réseaux d’images en quête de correspondance. Par cette manipulation, tel un montage photographique, on assiste à la tentative de reconstruire l’odre de la réalité.
Néanmoins "quelle que soit l’histoire que nous inventions, quelle que soit l’interprétation que nous en donnions, rien ne s’imposera autant que les apparences pures sous lesquelles (ces) photos se représentent à nous " (John Berger)