Rediffusion d’une émission du 9 novembre 2019
premier anniversaire des rond-points
Déjà cinq ans, et c’est de…L’extrême centre gouverne... Et ça fatigue, ce clin d’œil permanent aux têtes chenues. D’autant plus que ma tête est aussi chenue qu’un arbre dont la cime se dépouille et que je trouve ce clin d’œil de plus en plus obscène, de plus en plus vulgaire et méprisant. Le vieux qui n’a de fonction que d’être un bulletin de vote.
Comme je ne suis pas inscrit sur une quelconque liste, je ne risque pas de glisser...glisser un bulletin de vote ou qu’un directeur d’Ehpad se sert d’une procuration que j’aurais signée pour avoir un verre de vin en plus ; me voilà, rassuré. Mais, ça ne changera pas le monde. Donc retour vers le rond-point et tourner autour juste à la perte de sens. Et après on verra...
Bon anniversaire aux ronds-points
Il fut un temps où le rond point n’avait pas été inventé.
Jean Michel Espitallier
In girum imus nocte et consumimur igni
C’est en lisant le livre de laurent jeanpierre InGirum, les leçons politique des ronds-points que j’ai retrouvé cette phrase qui est le titre d’un film de Guy Debord.
In girum imus nocte et consumimur igni.
Nous tournons en rond dans la nuit et nous sommes consumés par le feu. Le film bien sûr est comme le fut la société du spectacle, une description de la société de consommation et de l’aliénation capitaliste. Et dont la société d’aujourd’hui est devenu le modèle parfait, société du spectacle de la consommation et de la communication où l’annonce compte plus que les faits ou les actes. Une société spectacle où le modèle idéal serait le modèle bourgeois.
Donc un petit livre jaune dont je vous conseille la lecture, in girum imus nocte et consumimur igni, Nous tournerons dans la nuit et nous sommes consumés par le feu. Qui aurait pu imaginer que cette locution latine, palindrome à l’origine incertaine, livrerait aujourd’hui la tonalité d’une vaste contestation et, au-delà, l’allégorie d’une époque ?
En novembre et décembre 2018, ont en effet surgi sur les ronds-points de France des dizaines de milliers de gilets jaunes. S’ils y ont brûlé des feux conjugués de leurs colères, de leurs espoirs et d’une implacable répression d’État, ils y ont aussi entamé une longue marche giratoire autour d’un autre foyer : celui d’une politique ancrée dans le local, où s’articuleraient autonomie, écologie et justice sociale. Une politique de la Commune, ou plutôt des communes, qui ne serait plus seulement une lubie d’anarchistes ou de révolutionnaires sans révolution (lubie peut-être mais qui reste une bonne idée dans un clivage qui permet de vivre à côté), mais un appel auquel les mouvements sociaux du futur auront à répondre.
Et autour de ce palindrome, quelques évocations musicales renvoyant au rond-point et ,à leurs occupations qui perdurent encore même si la presse a décidé de passer cela sous silence.