TOUS LES JOURS UNE HEURE À UNE HEURE
Hier j’étais intelligent, et je voulais changer le monde. Aujourd’hui je suis sage, et j’ai commencé à me changer moi-même. APEIROGON Calum Mcaan ainsi que tous les textes en italique qui suivent.
LUNDI
Joli Mai autour du film de Chris Marker et Pierre Lhomme
Partie 3
Ce qui se passe, c’est que, aux yeux de nombreuses personnes, nous, les Palestiniens n’existons pas en tant qu’humains. Je suis officiellement apatride. A votre aéroport. A votre consulat. Où est-ce que j’existe ? Question absurde. Peut-être à un endroit – dans votre prison j’existe. Ou peut-être que dans votre imagination j’existe en tant que terroriste, mais nulle part ailleurs.
MARDI ET JEUDI
Musicworks 53
ET MUSICWORKS 90
Etre juif, ça veut dire respecter la justice et l’équité. Aucun peuple ne peut dominer un autre peuple et obtenir la paix et la sécurité. L’occupation n’est ni juste ni soutenable. Et être contre l’occupation n’est en aucun cas une forme d’antisémitisme.
MERCREDI
Une vieille promotion des beaux-arts de Toulouse propose une minute de paysage sonore dont je ne me rappelle que l’un d’entre eux Quentin Jouret.
La peur fait vendre, et elle fait les lois, et elle prend les terres, et elle construit des colonies, et elle aime faire taire tout le monde. Et, soyons honnêtes, en Israël on est très doués pour la peur, elle nous occupe. Nos hommes politiques aiment nous faire peur. Nous aimons nous faire peur les uns aux autres. Nous employons le mot sécurité pour faire taire les autres. Mais il ne s’agit pas de ça, il s’agit d’occuper la vie de quelqu’un d’autre, la terre de quelqu’un d’autre, la tête de quelqu’un d’autre.
VENDREDI
transformation/affirmation
Quatre citronniers, deux figuiers, deux clémentiniers, deux cédratiers, un amandier, un plaqueminier, un grenadier, un figuier de Barbarie, des rangées de courgettes, d’aubergines, de courges et de luffas tout le long du mur mitoyen : en été, on sent le jardin à l’autre bout de la rue.
SAMEDI
Écrit avec la langue Cosima Wagner
Lorsqu’en 2009 Mitchell fut nommé envoyé spécial au Proche-Orient, il eut soudain le sentiment de marcher au milieu d’un puzzle eclaté - OLP, LDJ, FDLP,LEHI, FPLP,ALA, JIP, CPT, IWPS,CICDM, AIC,ACLM, JIE, JTJ, ISL, AEI, NIF, ACRI,RGR, BDS, PACBI, BNC - sauf qu’il était cette fois beaucoup plus difficile de trouver un bord plat par lequel commencer.
Un nombre dénombrablement infini de côtés.
DIMANCHE
Christophe Tarkos
Une espèce de brouillard envahissait ses auditeurs. Il savait que sa réponse les décevait. Ils voulaient autre chose - un État, deux États, trois État, huit. Ils voulaient qu’il dissèque Oslo, qu’il parle du droit au retour, qu’il débatte de la fin du sionisme, des nouvelles colonies, du colonialisme, de l’impérialisme, de la hudna, de l’ONU. Ils voulaient savoir son avis sur la résistance armée. Sur les colons eux-mêmes. Ils avaient entendu tellement de choses, disaient-ils, et pourtant ils en savaient si peu. Et les centres commerciaux, les terres volées, les fanatiques ? Il restait coi. Pour lui, tout tournait autour de l’Occupation. Elle était un ennemi commun. Elle était en train de détruire les deux camps. Il ne haïssait pas les juifs, disait-il, il ne haïssait pas Israël. Ce qu’il haïssait, c’était le fait d’être occupé, l’humiliation que cela représentait, l’étouffement, la dégradation quotidienne, l’avilissement. Il n’y aurait aucune sécurité tant que l’Occupation ne cesserait pas. Essayez un checkpoint ne serait-ce qu’une journée. Essayez un mur en plein milieu de votre cour d’école. Essayez vos oliviers défoncés par un bulldozer. Essayez votre nourriture en train de moisir dans un camion, à un checkpoint. Essayez l’occupation de votre imaginaire. Allez-y. Essayez.