//brasero// Nouvelle-Calédonie / Kanaky : où en est la marche vers l’indépendance ?
Le 4 novembre dernier se tenait enfin en Nouvelle-Calédonie un référendum d’autodétermination très attendu : pour ou contre la pleine souveraineté de cet archipel toujours possession française, bien que situé aux antipodes de chez nous ? Alors qu’une grande partie de la droite locale avait clamé haut et fort que ce vote allait définitivement enterrer la revendication indépendantiste, le oui emportait plus de 43% des suffrages, un score bien supérieur à ce qu’annonçaient sondages et nombre d’observateurs. Non seulement l’indépendantisme n’est pas mort ce jour-là, mais les anti-indépendantistes de Nouvelle-Calédonie, comme l’Etat français, comprenaient que le processus entamé il y a 20 ans avec les accords de Nouméa (et même il y a 30 ans si l’on remonte aux accords de Matignon-Oudinot, qui mettaient alors fin à des années de quasi-guerre civile) pouvait aboutir à court terme à la fin de plus de 160 ans d’occupation française ! Peut-être dès 2020, lors du second des trois référendums possibles...
Nous revenons dans cette émission, enregistrée sur place entre janvier et mars 2019, sur la situation néo-calédonienne si peu, si mal traitée par nos médias de masse. Peut-être parce que plus assez spectaculaire. Peut-être aussi parce qu’il n’est jamais bon de rappeler au grand public que nous n’en avons pas fini, loin de là, avec notre histoire coloniale. Peut-être parce que la France garde toujours d’énormes intérêts, de toute sorte, à conserver la riche Nouvelle-Calédonie dans son escarcelle, mais qu’elle a du mal à l’assumer devant son propre peuple.
Puisque nous ne les avons pour ainsi dire pas entendus, la parole est donnée ici aux indépendantistes. La plupart sont kanak, c’est-à-dire issu du peuple premier de l’archipel, les grands porteurs de cette exigence d’indépendance. Mais nous tendons aussi nos micros à des membres d’autres communautés d’une Nouvelle-Calédonie aujourd’hui fortement multi-culturelle. Avec elle et eux, nous allons parler d’une histoire qui ne nous est pas étrangère, qui ne doit pas nous être étrangère. Car à l’autre bout du monde, c’est bien le pays auquel nous appartenons qui poursuit sa sinistre œuvre coloniale et entrave encore l’avènement d’une Kanaky libre.
– Intervenant.es :
- Nadège Wackenthaler-Faivre, élue UNI-Palika (FLNKS)
- Jone Pasa, sociologue
- Samuel Gorohouna, économiste
- Aloisio Sako, élu RDO (FLNKS)
- Emmanuel Tjibaou, directeur de l’ADCK (Agence de Développement de la Culture Kanak)
– Musique :
- Danse Ae-ae (par Mikael Néa, enregistré par Raymond Ammann)
- "Kanaky mon pays" (par groupe Bwanjep, sur un texte du leader indépendantiste Jean-Marie Tjibaou)
– Sur l’analyse du référendum de novembre 2018 et l’importance pour tout militant anti-colonial de soutenir la lutte pour l’indépendance en Nouvelle-Calédonie, ce texte de l’association Survie.